HOMMAGE

HOMMAGE
CEREMONIE DU 8 MAI 2014

LIEU DE MEDITATION CHARGE D'HISTOIRE

LIEU DE MEDITATION CHARGE D'HISTOIRE
Cloître de Saint Jean de Maurienne - Savoie
HISTOIRE DE LA MAURIENNE ET DE LA SAVOIE

Ne jamais oublier l'Histoire de cette nation qui a joué un rôle essentiel parmi les nations européennes ! Berceau de la Maison de Savoie Saint Jean de Maurienne possède depuis 150 ans une Société d'Histoire et d'Archéologie fort dynamique dont les annales sont appréciées et les conférences suivies avec attention chaque mois.

dimanche 30 janvier 2011

HOMMAGE AUX PORTE-DRAPEAUX DE MAURIENNE












Je ne pouvais, après avoir assumé pendant 4 ans la mission qui m'a été confiée par les adhérents du Souvenir Français Porte de Maurienne et de Moyenne Maurienne, ne pas rendre hommage aux Porte-Drapeaux qui lors de chaque commémoration sont présents et donnent à chaque cérémonie une ampleur toute particulière.
Je souhaite aussi remercier les Comités d'Albertville-Tarentaire et de Haute-Moyenne dirigés par M. Jacques PRUVOT et par M. Gérard PILLOUD dont l'amitié m'a été précieuse.
Je crois que l'image du Souvenir Français a été conforté et la présence de plus en plus nombreuse de femmes, d'hommes et d'enfants aux différentes manifestations prouvent que la Nation est forte et vivace dans le coeur de nos compatriotes.
Je remercie sincèrement et profondément toutes celles et tous ceux qui m'ont accompagné dans cette mission. Leur sens de la dignité, de l'honneur et de la loyauté représentent les valeurs essentielles de la France.

Daniel MEINDRE

dimanche 9 janvier 2011

D'AVRIEUX A SUZE EXTRAITS D'UN VOYAGE AU XVIIème Siècle

Ces extraits proviennent d'un livre prêté obligeamment par Yvan Caporizzo. Je le remercie sincèrement car il me permet de poursuivre la découverte dans le temps de notre Maurienne.
Ce livre s'intitule :
Le Dauphiné et la Maurienne au XVIIème siècle - Extraits du voyage d'Abraham Gölnitz traduit par M. Antonin Macé - Professeur d'histoire à la Faculté des lettres de Grenoble en 1838.


.....En laissant sur la gauche, au fond de la vallée, le village d'Avrieux, on descend peu à peu, à un mille de distance, au village de Bramans, qui était autrefois une ville. A la sortie de ce village, on montre une chapelle toute couverte de peintures. Là, on voit une vierge entièrement nue, tenant dans ses mains une tête et des ossements humains; la moitié de sa figure est charnue, l'autre moitié ne présente que les ossements; auprès d'elle sont les déesses infernales et les pêchés, avec des supplices et des diables et cette inscription: O lecteur, regarde-moy, inscription que je n'ai pu copier toute entière.
A un mille de là, se présente le village de Sollières, dont une partie est au pied, l'autre au sommet de la montagne. A peu de distance, on trouve le village de Thermignon, dans la vallée, sur l'Arc qu'augmente ici la rivière de la Vanoise. De là nous nous dirigeâmes, pendant un mille, par une pente rapide et sur un terrain assez fertile en blé, vers le village de Lans-le-Bourg, où nous arrivâmes très fatigués, ne trouvant qu'un logement étroit et assez malpropre, à l'auberge des Trois Rois.
Nous passâmes une nuit à Lans-le-Bourg ayant perdu l'espérance que nous avions conçue, de nous faire porter, comme c'est l'usage, sur le Mont-Cenis, afin de nous reposer, jusqu'au sommet du col, parce que les porteurs nous demandaient un prix excessif. Voici comment ce transport s'opère. On prend un siège de bois consolidé par de gros bâtons d'une forme grossière, plus faîte pour porter du bois qu'un homme. Le voyageur, qu'on doit porter s'y place, saisissant les extrêmités des bâtons avec ses mains  pour ne pas tomber, et mettant sous lui, s'il veut être assis plus mollement, une couverture en guise de coussin., à côté marche son cheval qui ne porte rien, tandis que l'un des porteurs se met en avant, l'autre en arrière. Le prix varie suivant la distance à parcourir; ceux qui veulent être portés depuis l'auberge de Lans-le-Bourg jusqu'à Novalaise paient un florin d'or au soleil; ceux qui ne partent que des frontières de la Savoie où est la grande Croix, ne paient que la moitié....Les porteurs franchissent la route en sautant, plutôt qu'en marchant, surtout depuis le moment où finit la Savoie et où commence le Piémont....Pendant un trajet de deux heures, toujours en descendant, que d'énormes blocs de pierre....jetés confusément en tas; les porteurs y montent par des sauts généralement assurés, mais parfois si peu sûrs, qu'ils tombent avec le voyageur qu'ils transportent....
En conséquence, le jour suivant, nous quittâmes l'auberge et chacun de nous commença à s'avancer sur sa monture. Bientôt on rencontra à droite une montagne rocailleuse qu'il faut escalader, pendant un mille, par un sentier étroit et sinueux : c'est ce que l'on appelle La Ramasse.....Ce col est à une hauteur de près de deux heures de marche au-dessus de Lans-le-Bourg...Dans ces prairies on voit un lac et des habitations. Le lac a un demi-mille de longueur, et contient beaucoup de truites. Victor-Amédée, prince de Piémont, lors de son mariage avec Christine de Parme, lui donna sur ce lac, et à grand frais, le spectacle d'un combat naval avec douze navires. Sur les bords du lac est un palais du prince, bâti depuis dix ans en pierres, mais avec une simple et modeste façade, pour servir de lieu de repos à sa femme lorsqu'il la conduisait de France en Piémont....On trouve la Chapelle des corps morts, où les voyageurs qui périssent gelés par la neige et le froid sont jetés d'une manière odieuse, sans soin ni ordre.....Lorsque, ensuite, la neige est dégelée et changée en eau, des gens sortent de l'hospice ou l'hôpital Saint-Nicolas pour rechercher les corps de ceux qui ont péris étouffés par la neige. Quand ils en trouvent, ils commencent par fouiller leurs sacs et les dépouiller de leurs vêtements; s'ils n'ont pas de chapelets sur eux on abandonne leurs cadavres aux oiseaux et aux bêtes de proie; mais si on trouve sur eux des chapelets ou des crois de bois, on les transporte dans la chapelle dont j'ai parlé; tant, sur cette route, la dévotion a de l'importance.
Dès qu'on atteint l'hospice, il n'y a plus qu'un demi-mille pour arriver à une auberge près de laquelle se trouve une grande croix de bois.....Après avoir descendu pendant un demi-mille, on remonte à cheval, afin de traverser le torrent de Semar ou de Saint-Nicolas, qui prend sa source dans le lac du Mont-Cenis, et qui, arrivéà ce précipice, se jette dans la vallée avec un grand bruit. L'abondance des neiges empêche parfois de le traverser, nous eûmes de l'eau jusqu'à la selle à l'entrée du gué....et il nous fallut, par des travaux d'Hercule, continuer de descendre un cheminen pente rapide et pierreux, pendant un mille, jusqu'au hameau de Novalaise, où nous nous logeâmes assez convenablement, à l'Ecu de France, reconfortés par du feu et du vin.
Là il faut avoir soin de faire signer, par le commissaire du duc de Savoie, des lettres de santé (la fede di santa), afin, si l'on annonce quelque maladie en France, de n'être pas plus tard expulsé de Turin....

PS : J'ai respecté l'orthographe de certains noms propres et ceci selon la traduction.

samedi 1 janvier 2011

LES PETITS RAMONEURS DE SAVOIE EN 1862

"Des Parisiens nous devenons les hôtes,
Et nous allons là-bas chercher des sous,
Et, ramoneurs ou porteurs de marmottes,
Riches un brin, nous revenons chez nous....
Nous aurons tous
Bientôt chez nous
La soupe aux choux
Que paieront nos gros sous. "

....Ne pouvant en conscience taire ses préoccupations et découvertes, l'abbé Bugniot, qui avait déjà reçu les encouragements de l'évêque de Maurienne et de Cavour, résolut de profiter de l'annexion de la Savoie à la France pour engager une action auprès des pouvoirs publics. Il adressa une lettre-pétition au Sénat en date du 16 mars 1862.

Messieurs les Sénateurs,

Personne d'entre vous n'ignore la misère profonde qui règne dans certaines parties de la Savoie, notamment dans les montagnes qui avoisinent Saint Jean de Maurienne...Pour venir en aide à cette détresse , une industrie s'est formée, l'industrie du "ramonage". Chaque année, en automne, se fait une émigration. Des pères partent pour les pays voisins conduisant avec eux leurs propres enfants; des patrons emmènent des enfants étrangers, qui leur sont confiés moyennant une rétribution d'environ 50 francs pour six mois. Le ramoneur est ordinairement un petit garçon; c'est quelquefois une petite fille déguisée sous les vêtements de l'autre sexe.
Dès que l'enfant de la Savoie a quitté le sol natal, il appartient complètement à son patron; il est à sa merci. Désormais, pour gagner de l'argent, il travaillera un peu et mendiera beaucoup. Dès l'âge le plus tendre, il s'exercera au facile métier de mendiant, il simulera des infirmités, il pleurera à volonté.....Chaque soir, il doit rapporter au logis une somme fixée à l'avance. Malheur à lui s'il revient les mains vides ou avec une bourse trop légère ! Il sera vertement grondé, peut-être même rudement frappé....Pour obtenir une aumône plus considérable, on couvre ses enfants de sordides haillons, on les expose presque nus aux plus rigoureuses intempéries, on les laisse transir de froid...
La charité publique est chargée de nourrir le petit ramoneur, de le vêtit et de remplir son escarcelle. Au pauvre enfant, le patron ne laissera que le strict nécessaire...Tout lui appartient, et le pain, et les vêtements, et les petits sous de la bienfaisance. En donnant...on enrichit un maître assez souvent propriétaire dans son pays.
Ce petit Savoyard que l'on rencontre dans les rues de nos cités, uniquement occupé à poursuivre le passant de ces demandes incessantes, on le retrouve couché dans quelque étable; garçons et filles sont souvent réunis dans un immoral mélange.
Le vagabondage est pour le ramoneur la cause de l'ignorance, le principe d'une dégradante immoralité, la source de la paresse, du vol.....Exilé de son village pendant la plus grande partie de l'année, n'y rentrant qu'après la fermeture des classes, il ne saura jamais ni lire, ni écrire, ni calculer....
.....Tels sont, Messieurs les Sénateurs, les déplorables effets du vagabondage et de la mendicité....Il faut arrêter le mal dans son principe...Pour parvenir à ce but, je demanderais :
1° Qu'il fût interdit à tout Savoyard, parent ou patron, d'emmener en qualité de ramoneur, des petites filles revêtues d'habits de garçon.
2° Que tout père, parent ou patron, dont l'enfant, le parent ou le pupille, serait surpris mendiant ou vagabond, fût déclaré responsable et puni même d'une amende.

Lettre du 31 mai 1862 adressée par l'abbé Bugniot au Préfet de la Savoie, M. Dieu : 
....Je vous en conjure, faites cesser cette exploitation de l'enfant par l'homme; en certaines circonstances c'est une véritable "traite des blancs"...On a fait la loi Grammont. Oh ! de grâce, qu'on ait pitié des petits Savoyards et que la loi française les prenne sous sa protection ! Ils sont maintenant nos frères, ils doivent être traités comme tous les enfants de France....

...L'enquête révéla que cet arrondissement (Saint Jean de Maurienne) avait fourni 178 maîtres avec 317 ramoneurs (Albanne : 50 - Saint Colomban des Villards : 37 - Montrond : 30 - Montaimont : 55..... Le Préfet M. de Faverges parle de 220 à 230 enfants de sept à neuf ans et jusqu'à 18 ans....Ces chiffres permettent d'affirmer que la Maurienne devait fournir à peu près la moitié des maîtres et le quart, peut-être le tiers des petits ramoneurs du contingent de 1861....et de citer des cas navrants d'enfants obligés de s'agenouiller sur des barres de fer à angles aigus, de supporter à bras tendus un certain poids, ou ruinés de coups, ruinés par des marches forcées de 60 kilomètres à travers le Jura, expirant misérablement dans des hôpitaux ou rapatriés d'urgence...
C'est le 15 janvier 1863 que le Préfet réglementa par arrêté l'apprentissage et les contrats y afférant en Savoie.

Extraits d'une étude remarquable écrite par J. Lovie publiée dans la Revue de Savoie de Janvier 1955.