HOMMAGE RENDU PAR XAVIER LETT CONSEILLER GENERAL DU CANTON DE MODANE A ANDRE DUPOUY

Je remercie M. Xavier LETT - Conseiller Général du Canton de Modane - de m'avoir autorisé à reproduire l'hommage qu'il a rendu sur son site à M. André DUPOUY

http://cantondemodane.hautetfort.com/

André Dupouy nous a quitté.


Avec lui une grande figure de la vie Modanaise et de l’histoire de notre Canton disparaît.

Avant d’être l’historien de référence des forts de l’Esseillon, il fût l’officier de l’armée des Alpes tenant tête victorieusement à l’envahisseur italien en juin 1940. Posté à plan Leva au dessus de Modane, il y a exactement 70 ans, il fut de ces hommes qui sauvèrent l’honneur de l’armée française.

Des générations de collégiens et de lycéens se souviennent de l’instituteur, du professeur, puis du Principal adjoint, poste auquel il finit sa carrière à l’Education nationale.

Correspondant du Dauphiné libéré, André Dupouy fut le témoin des grandes heures de l’après guerre, de la joie de la libération comme des heures tragiques des inondations de 1957.

A ce titre il faut rendre hommage à une qualité méconnue du correspondant de presse qu’il fut, André Dupouy était un photographe de talent, les images qu’il a faites de la construction des digues de l’Arc dans les années soixante sont là pour en témoigner.

Acteur puis observateur de cette vallée, il voulu également la comprendre c’est cela qui explique son travail d’historien.

Il a mené tous ses projets avec constance et obstination, ses recherches historiques sur les fortifications Montalembert de la barrière de l’Esseillon l’ont mené de Vincennes à Vienne en Autriche pour en retrouver les plans.

Il y a quelques jours encore André Dupouy était encore ici à Modane au Muséobar-musée de la frontière auquel il a participé en mettant à disposition sa riche documentation.

Se projetant en permanence dans l’avenir, André Dupouy me faisait part de son idée de doter la fortification de canons à l’image des forts italiens d’Exiles ou de Bramafan.

Ayons en mémoire cette belle idée, et tentons de la mettre en œuvre, c’est le plus bel hommage que l’on puisse rendre à celui qui restera attaché dans nos mémoires à ce site majeur de notre canton et de notre Département.

Xavier LETT

LES FORTS DE L'ESSEILLON par André DUPOUY

Le livre que je possède a une valeur affective car il a été dédicacé par M. André DUPOUY récemment disparu à Mme Georgette MICHELLAND membre aussi de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Maurienne.

En ce 150ème anniversaire de l'annexion de la Savoie par la France il m'a paru intéresssant de relater le passage concernant la destruction des Forts de l'Esseillon en 1860 :

....Mais il restait une formalité à accomplir. Napoléon l'avait promis : les forts de l'Esseillon devaient être rasés. C'est sans doute ce que lui ont rappelé Cialdini et Farini, les deux envoyés de Cavour qu'il reçut lors de son passage à Chambéry le 27 août.....Les envoyés piémontais ont dû insister auprès de l'Empereur, pour une décision rapideafin de donner satisfaction à l'opinion publique ou aux susceptibilités de l'Armée, et d'aider Cavour qui était à ce moment-là en difficulté.

"Il a été convenu entre l'Empereur et le Roi Victor-Emmanuel que l'on démolirait l'un des Forts de l'Esseillon...Il ne s'agit que d'un semblant de démolition; on fera sauter quelques escarpes et après, il n'en sera plus question et nous serons libres de faire ce que nous voudrons à l'Esseillon. Quel est le fort que l'on peut démolir en partie avec le moins d'inconvénient ?

Le Chef du Génie proposa le Fort Charles-Félix. Le Général Frossard approuva cette proposition le 29 août.

....Dès le 6 septembre on se mettait au travail. La démolition du fort fut commencée le 19 en présence du détachement piémontais : elle fut terminée le 22....Les officiers piémontais manifestèrent ouvertement leur mauvaise humeur : "Les Français se moquent de nous; ils démolissent sous nos yeux les forts que nous avons construits" (et dont ils étaient su fiers!).

....Ce qu'il y a de plus intéressant dans le récit du chef du Génie de 1860, c'est l'impression très vive qui lui est restée qu'il ne s'agissait dans l'esprit du Général Frossard, que d'un semblant de démolition, destiné à produire un effet immédiat sur l'opinion et sans conséquence pour l'avenir. Ce qui semble confirmer cette hypothèse , c'est que l'on arrêta là les destructions.

....Les habitants d'Aussois sont maintenant satisfaits : le drapeau français flotte enfin sur l'Esseillon.

En hommage à André DUPOUY