HOMMAGE

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CEREMONIE DU 8 MAI 2014

LIEU DE MEDITATION CHARGE D'HISTOIRE

LIEU DE MEDITATION CHARGE D'HISTOIRE
Cloître de Saint Jean de Maurienne - Savoie
HISTOIRE DE LA MAURIENNE ET DE LA SAVOIE

Ne jamais oublier l'Histoire de cette nation qui a joué un rôle essentiel parmi les nations européennes ! Berceau de la Maison de Savoie Saint Jean de Maurienne possède depuis 150 ans une Société d'Histoire et d'Archéologie fort dynamique dont les annales sont appréciées et les conférences suivies avec attention chaque mois.

dimanche 15 janvier 2012

SAINT JEAN DE MAURIENNE * 1905 * LE CHAMP DE FOIRE *

.....Arrivés à Saint Jean de Maurienne, nous trouvâmes toutes les auberges pleines, ainsi que tous les hôtels, car à chaque foire la petite ville est littéralement bondée deux ou trois jours à l'avance par les paysans qui descendent des montagnes avec leurs vaches, leurs moutons, leurs cochons, leurs mulets et leurs chèvres.
Chaque femme porte le costume spécial à sa région , mais non pas celui des dimanches; car les jours de foire sont des jours de travail et les paysannes tiennent trop à leurs beaux habits pour vouloir les abîmer en de telles occasions.
A trois ou quatre heures du matin les paysans et leurs femmes viennent placer leurs bêtes sur le champ de foire et les affaires commencent à se traiter dès cinq heures.
On voit là des groupes de boeufs et de moutons attachés côte à côte; les chèvres et les cochons sont d'ordinaire tenus par leur propriétaire au bout d'une corde; les chevaux et les mulets sont essayés au pas et au trot par les clients. De ci, de là, on voit un mouton couché à terre et une vieille femme le tondant avec des ciseaux presque lilliputiens.
La famille de chaque paysan est assise en tas par terre, ou sur des ballots de foin, et tout près des bêtes qui lui appartiennent. Certains dorment, d'autres mangent, les enfants jouent ou suivent une femme de leur famille à travers la foire et regardent les pièces d'étoffes, les parapluies, les chapeaux de feutre, les tabliers, les parures, les rubans, les boutons des éventaires.
Dans un coin, on voit un petit groupe de bohémiens qui font bouillir leur soupe au-dessus d'un feu de branchages et tentent de vendre des chiffons, ou encore une vieille femme, qui s'est sans doute levée la veille à trois heures du matin et qui pour amener sa vache des montagnes aura marché toute la nuit. Maintenant, assise contre sa bête, elle dort à poings fermés.
De ci, de là, passe un colporteur italien, qui va de foire en foire, monte sur une chaise cassée et crie sa marchandise en l'agitant au-dessus de sa tête pour attirer le monde. Nous nous arrêtâmes devant l'un deux qui vendait des parapluies et des ombrelles et la première chose qu'il nous demanda, ce fut : "De quel pays de France venez-vous ? " Mon père lui répondit qu'il était Italien et lui demanda aussi d'où il venait. Il répondit qu'il était de Stresa, mais ne voulut pas croire que nous connaissions sa patrie et y avions séjourné. Alors je lui dis : "Chi vuol provare le pense d'inferno, Pallanza d'estate e Stresa d'inferno" (Qui veut éprouver les tourments de l'enfer, qu'il aille à Pallanza en été, et à Stresa en hiver).
Il y a aussi des gens qui ne viennent à la foire que pour s'amuser. Ils arrivent d'ordinaire, en faisant grand bruit, dans un char tiré par un cheval ou un mulet orné aux oreilles de plumes de faisan, aux harnais tintinnabulant de clochettes, ornementé de morceaux d'étoffe de couleurs vives et de morceaux de fourrure peinte fixé partout où il y a de la place...

Extrait d'un Journal de Montagne par Estella Canziani - 1905 - Editions Curandera - L'embellie.