Ces extraits proviennent d'un livre prêté obligeamment par Yvan Caporizzo. Je le remercie sincèrement car il me permet de poursuivre la découverte dans le temps de notre Maurienne.
Ce livre s'intitule :
Le Dauphiné et la Maurienne au XVIIème siècle - Extraits du voyage d'Abraham Gölnitz traduit par M. Antonin Macé - Professeur d'histoire à la Faculté des lettres de Grenoble en 1838.
.....En laissant sur la gauche, au fond de la vallée, le village d'Avrieux, on descend peu à peu, à un mille de distance, au village de Bramans, qui était autrefois une ville. A la sortie de ce village, on montre une chapelle toute couverte de peintures. Là, on voit une vierge entièrement nue, tenant dans ses mains une tête et des ossements humains; la moitié de sa figure est charnue, l'autre moitié ne présente que les ossements; auprès d'elle sont les déesses infernales et les pêchés, avec des supplices et des diables et cette inscription: O lecteur, regarde-moy, inscription que je n'ai pu copier toute entière.
A un mille de là, se présente le village de Sollières, dont une partie est au pied, l'autre au sommet de la montagne. A peu de distance, on trouve le village de Thermignon, dans la vallée, sur l'Arc qu'augmente ici la rivière de la Vanoise. De là nous nous dirigeâmes, pendant un mille, par une pente rapide et sur un terrain assez fertile en blé, vers le village de Lans-le-Bourg, où nous arrivâmes très fatigués, ne trouvant qu'un logement étroit et assez malpropre, à l'auberge des Trois Rois.
Nous passâmes une nuit à Lans-le-Bourg ayant perdu l'espérance que nous avions conçue, de nous faire porter, comme c'est l'usage, sur le Mont-Cenis, afin de nous reposer, jusqu'au sommet du col, parce que les porteurs nous demandaient un prix excessif. Voici comment ce transport s'opère. On prend un siège de bois consolidé par de gros bâtons d'une forme grossière, plus faîte pour porter du bois qu'un homme. Le voyageur, qu'on doit porter s'y place, saisissant les extrêmités des bâtons avec ses mains pour ne pas tomber, et mettant sous lui, s'il veut être assis plus mollement, une couverture en guise de coussin., à côté marche son cheval qui ne porte rien, tandis que l'un des porteurs se met en avant, l'autre en arrière. Le prix varie suivant la distance à parcourir; ceux qui veulent être portés depuis l'auberge de Lans-le-Bourg jusqu'à Novalaise paient un florin d'or au soleil; ceux qui ne partent que des frontières de la Savoie où est la grande Croix, ne paient que la moitié....Les porteurs franchissent la route en sautant, plutôt qu'en marchant, surtout depuis le moment où finit la Savoie et où commence le Piémont....Pendant un trajet de deux heures, toujours en descendant, que d'énormes blocs de pierre....jetés confusément en tas; les porteurs y montent par des sauts généralement assurés, mais parfois si peu sûrs, qu'ils tombent avec le voyageur qu'ils transportent....
En conséquence, le jour suivant, nous quittâmes l'auberge et chacun de nous commença à s'avancer sur sa monture. Bientôt on rencontra à droite une montagne rocailleuse qu'il faut escalader, pendant un mille, par un sentier étroit et sinueux : c'est ce que l'on appelle La Ramasse.....Ce col est à une hauteur de près de deux heures de marche au-dessus de Lans-le-Bourg...Dans ces prairies on voit un lac et des habitations. Le lac a un demi-mille de longueur, et contient beaucoup de truites. Victor-Amédée, prince de Piémont, lors de son mariage avec Christine de Parme, lui donna sur ce lac, et à grand frais, le spectacle d'un combat naval avec douze navires. Sur les bords du lac est un palais du prince, bâti depuis dix ans en pierres, mais avec une simple et modeste façade, pour servir de lieu de repos à sa femme lorsqu'il la conduisait de France en Piémont....On trouve la Chapelle des corps morts, où les voyageurs qui périssent gelés par la neige et le froid sont jetés d'une manière odieuse, sans soin ni ordre.....Lorsque, ensuite, la neige est dégelée et changée en eau, des gens sortent de l'hospice ou l'hôpital Saint-Nicolas pour rechercher les corps de ceux qui ont péris étouffés par la neige. Quand ils en trouvent, ils commencent par fouiller leurs sacs et les dépouiller de leurs vêtements; s'ils n'ont pas de chapelets sur eux on abandonne leurs cadavres aux oiseaux et aux bêtes de proie; mais si on trouve sur eux des chapelets ou des crois de bois, on les transporte dans la chapelle dont j'ai parlé; tant, sur cette route, la dévotion a de l'importance.
Dès qu'on atteint l'hospice, il n'y a plus qu'un demi-mille pour arriver à une auberge près de laquelle se trouve une grande croix de bois.....Après avoir descendu pendant un demi-mille, on remonte à cheval, afin de traverser le torrent de Semar ou de Saint-Nicolas, qui prend sa source dans le lac du Mont-Cenis, et qui, arrivéà ce précipice, se jette dans la vallée avec un grand bruit. L'abondance des neiges empêche parfois de le traverser, nous eûmes de l'eau jusqu'à la selle à l'entrée du gué....et il nous fallut, par des travaux d'Hercule, continuer de descendre un cheminen pente rapide et pierreux, pendant un mille, jusqu'au hameau de Novalaise, où nous nous logeâmes assez convenablement, à l'Ecu de France, reconfortés par du feu et du vin.
Là il faut avoir soin de faire signer, par le commissaire du duc de Savoie, des lettres de santé (la fede di santa), afin, si l'on annonce quelque maladie en France, de n'être pas plus tard expulsé de Turin....
PS : J'ai respecté l'orthographe de certains noms propres et ceci selon la traduction.
Ne jamais oublier l'Histoire de cette nation qui a joué un rôle essentiel parmi les nations européennes ! Berceau de la Maison de Savoie Saint Jean de Maurienne possède depuis 150 ans une Société d'Histoire et d'Archéologie fort dynamique dont les annales sont appréciées et les conférences suivies avec attention chaque mois.
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