HOMMAGE

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CEREMONIE DU 8 MAI 2014

LIEU DE MEDITATION CHARGE D'HISTOIRE

LIEU DE MEDITATION CHARGE D'HISTOIRE
Cloître de Saint Jean de Maurienne - Savoie
HISTOIRE DE LA MAURIENNE ET DE LA SAVOIE

Ne jamais oublier l'Histoire de cette nation qui a joué un rôle essentiel parmi les nations européennes ! Berceau de la Maison de Savoie Saint Jean de Maurienne possède depuis 150 ans une Société d'Histoire et d'Archéologie fort dynamique dont les annales sont appréciées et les conférences suivies avec attention chaque mois.

dimanche 21 août 2011

VISION DE SAINT JEAN DE MAURIENNE DU 15ème AU 19ème Siècle

....Les comtes, les ducs de Savoie, puis les rois sardes associèrent, puis superposèrent leurs administrations à celle de la principauté féodale ecclésistique; ses caractéristiques en furent seulement adaptées aux conjonctures.
Cela explique qu'en pleine campagne, vers le Bonrieux, le torrent dévastateur, quelques tours satellites de la grande tour centrale aient l'air de monter la garde comme aux soirs où la cité redoutait une attaque arrivant du Dauphiné par les Arves.
Ceci fait comprendre l'aspect monumental du palais épiscopal et du collère, si rempli d'écoliers au XVIIème siècle qu'un voyageur anglais s'en étonnait.
Pourquoi ces arcades moulurées qu'aveugle une maçonnerie grossière, ces fenêtres à meneaux soutenant des vitres un peu cassées, ces ferronneries rouillées ne défendant plus rien de plus précieux qu'un débarras de vieux barils et de fagots ? Ce sont les restes d'une chapelle ou d'un couvent, ou d'un des hospices destinés aux pèlerins de Rome, souvent pauvres, parfois malades....Souvent Saint-Jean fut envahi par la misère; ses distributions d'aumônes y attiraient aux années de disette les "gallavourdeux", gens bien entendus très enclins à se montrer et à mendier auprès des voyageurs, au préjudice du renom mauriennais.
Sans doute, comme à La Chambre, dont les seigneurs, grands bâtisseurs de châteaux et protecteurs de couvents, furent longtemps, avec les évêques et les comtes, les maîtres de la vallée, comme dans le vieux Saint-Michel, village fortifié dont la route nouvelle ne franchît plus les entrées voûtées, il est heureux que les vieux quartiers deSaint-Jean aient été aérés, quittes à perdre de leur pittoresque.
On a bien fait, il y a plus de cent ans, de percer la rue ornée de portiques qui vit passer les dernières diligences d'Italie, claquements de fouets, trompettes de portillons qu'ont remplacés les cornes des automobiles. Les avenues nouvelles descendant vers l'Arc, la gare et la zone des grandes usines, où travaille aujourd'hui tout le pays, ont été tracées fort sagement.
Mais faut-il pour autant s'apitoyer sur la vieille ville ? Elle se recroquevillait dans ses remparts; c'était pour sa sécurité.....Quand on voyageait à cheval et à mule, l'étroitesse des rues ne gênait personne; on la jugeait même utile pour s'abriter du vent et favorable aux décors de fête : tapisseries et arcs de  feuillage dressés pour l'arrivée d'un nouveau prince-évêque montée sur haquenée, ou pour un passage des comtes, des ducs ou même du roi de France quand il avait conquis le duché, ce qui arrivait souvent. Des cortèges fastueux entre ces maisons noirâtres ? Il est vrai, elles sont noirâtres comme dans toute la Maurienne et ont dû l'être toujours à cause des pierres dont elles sont bâties. Mais d'autres yeux que les nôtres les ont vues propres, neuves, animées par la vie d'un petit monde, généralement tenu, par ceux qui ont cherché à le connaître, pour aimable, sociable, cultivé.
Au XVIème siècle, Pelletier du Mans qui ne se contenta pas, comme tant d'autres, de traverser Saint-Jean, mais y fît "tout un temps de présence" parle avec enthousiasme et de la ville et de ses environs :

Meints ornements font le lieu digne et noble
Prez, chams, vergers et liquoreux vignoble.

Source : H. Ménabréa - Revue de Savoie - Librairie Dardel - 6 rue de Boigne - Chambéry - Octobre 1954

dimanche 14 août 2011

VISION DE LA CATHEDRALE DE SAINT JEAN DE MAURIENNE A PARTIR DE 1440

....Tout près, la cathédrale étonne aussi, mais par sa façade : au péristyle ionique abritant le cénotaphe, genre troubadour, du premier Comte de Savoie : casques, panaches, gestes de théâtre, ce n'est qu'un placage du XVIIIème siècle finissant. Passons, poussons la porte, descendons quelques humbles marches. Pour le coup, voilà tous les styles bizarrement confondus ! Lourds piliers romans, voûtes et fenêtres ogivales, dalles funéraires usées, tombeaux d'évêques, chapelles modernes et trop modernes; chaque époque ici a laissé sa marque d'un goût plus ou moins satisfaisant.
Ceci s'explique aisément : cette petite cathédrale étrange fut édifiée après le désastre de 1440. Point de matériaux durables et beaux dans les carrières du voisinage, et ses architectes ont dû faire ce qu'ils pouvaient pour utiliser ce qui était encore utilisable de la vieille cathédrale à demi effondrée sur les restes d'une église encore plus vieille dont on retrouve les traces dans une crypte noyée de terre.
;;;Sculptées dans le noyer du pays, matière brune, luisante et plaisante à l'oeil, ces quarante-deux stalles déploient de chaque côté du choeur leurs baldaquins gothiques dentelés.
Mochet, l'artisan de Genève qui composa et sculpta de bout en bout ce chef-d'oeuvre à la fin du XVème siècle, avant d'en travailler un autre aussi bien réussi dans la cité d'Aoste, mêlait au sentiment des convenances religieuses une verve réaliste et populaire. Cela se sent déjà, dans ses bas-reliefs, beaucoup mieux dans l'ornementation des accoudoirs et surtout des miséricordes, ces petits sièges mobiles où l'officiant, tout debout qu'il paraisse, s'assied en réalité. Il a figuré, dans ces miséricordes, des diablotins cornus, des objets de métier et de ménage, les animaux du pays, ceux des montagnes, ceux des étables qui meuglaient ou bêlaient sur le pré dit de l'Evêque, aux jours de foire.
A une place honorable dans les panneaux de Mochet on voit Sainte Thècle et Saint Gondran. C'est justice, ils sont les patrons de la cité. Au temps de Clovis, Thècle, montagnarde de Valloires, avait écouté avec tant d'émerveillement les récits de deux moines écossais de retour d'Orient, qu'elle prît son bâton et s'en alla. Elle revint apportant d'Alexandrie d'Egype, les os de deux doigts de Saint Jean-Baptiste. Le rassemblement de cabanes qui, à un carrefour de chemins, s'appelait alors Maurienne, recueillit ce trésor, trésor inestimable, les foules étant alors passionnées de reliques. La bourgade enorgueillie se baptisa fièrement du nom du précurseur et elle mit plus tard sa main bénissante dans ses amr;es.
H. Ménabréa - Revue de Savoie - Octobre 1954 - Librairie Dardel - 6 rue de Boigne - Chambéry