Sources : Images de Maurienne. M. André Palluel-Guillard - Trésors de la Savoie - Collection dirigée par l'Abbé Lucien Chavoutier - Imprimerie Gaillard - 73230 Saint-Alban-Leysse - 2T1979 -
....Un des plus célèbres paysages de Maurienne.
Au fond de la profonde vallée de l'Arvan, les trois aiguilles qui, avec leurs 3500 mètres d'altitude, sont repérables dans toute la Maurienne et même au-delà.
On les appelle ici familièrement les trois Hulllions ou Ellions, ou Juliens ; d'autres les dénomment Gros-Jean, Jean-Jean et Petit-Jean ou le Gros-Rond, le Pointu et le Fourchu.
On y a longtemps cherché des gisements d'or, en vain, de sorte que par la suite, pour peindre la naïveté de quelqu'un, il suffisait de dire qu'il avait vu la fumée des trois Hullions.
Sur l'adret, le village de Montrond semble un havre de paix. Certes la vallée de l'Arvan est un peu à l'écart de la grande route et ne connaît pas la fièvre de la circulation internationale. On n'en a pas moins vu ici les Sarrasins au Xème siècle, et les Français aux XVIème et XVIIème siècles, qui profitaient du col de la Croix de Fer pour passer du Dauphiné en Savoie en surprenant les Piémontais et les Savoyards sur leurs flancs ou sur leurs arrières.
On se rappelle surtout la grande révolte de 1326 qui naquit contre le despotique évêque Aymon de Miolans, qui n'eut que le temps de fuir à Aiguebelle, mais qui n'en perdit pas moins ses chanoines, sa famille et sa domesticité massacrés par les paysans déchaînés qui, de là, propagèrent la révolte dans toute la Basse-Maurienne;
En ce début du XXème siècle, la vieille civilisation montagnarde (qui fut à l'origine de ce paysage profondément humanisé) est bien languissante. Le déclin démographique a compromis irrémédiablement les migrations des colporteurs locaux vers la France et l'Italie. La remontée des terres se pratique de plus en plus difficilement, tout comme l'estive sur les alpages. La Première Guerre mondiale a accentué cette décadence et la Seconde va la précipiter. On ne pense pas encore ici aux sports d'hiver, et l'industrie de Saint-Jean est bien loin. Une seule solution pour le moment : continuer comme avant : le pittoresque y gagne encore, mais les choix fondamentaux restent à faire.
Par J. DREVET vers 1945.
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