Il est né, le Divin Enfant - Jouez hautbois, résonnez musettes.
Il est né, le Divin Enfant - Chantons tous son avénement.
Une étable est son logement,
Un peu de paille est sa couchette.....
Ne croyez pas que ce texte relate la vie de nos montagnards dans les temps très anciens....Beaucoup de nos parents ont vécu ainsi....Ce texte a été écrit fin 1941.....
....la pièce où l'on dort l'hiver, pourvue de lits, parfois superposés si la famille est nombreuse, mais plus larges que les lits clos anciens, est contiguë à l'étable et profite encore de la chaleur des bêtes, n'en étant séparée que par une cloison en planches ou par une porte à claire-voie.
...Mais des poêles en fonte ont maintenant presque partout remplacé l'âtre ancien dont le feu libre, aux caprices impossibles à maîtriser, noircissait chaudrons, casseroles, alentours de l'âtre, et permettait un peu trop au fumet spécial du "bois de vache" de contribuer à l'aasaisonnement des mets et à l'aromatisation des vêtements. L'électricité a partout remplacé la lampe à pétrole. Toute amélioration adaptée au climat et pécuniairement possible est toujours aisément comprise, facilement adoptée.
Mais, si les habitants de nos hautes vallées prouvent de la sorte qu'ils ne sont nullement d'esprit arriéré, ils sont aussi beaucoup trop intelligents pour abandonner complètement une disposition de maison et un genre de vie, qui, jusqu'ici, se sont révélés absolument indispensables dans la lutte contre le froid à l'altitude où ils vivent, sans que rien d'aussi efficace leur soit possible pour les remplacer.
Le chauffage central ? Moyen dangereux lorsqu'on est éloigné de 37 et 44 km du chemin de fer, comme à Bessans et à Bonneval, par des routes exposées aux avalanches, et à une distance au moins égale du spécialiste capable de remédier à un accident de l'installation survenant pendant les grands froids et laissant la maison entière sans chauffage, alors qu'il y a -20° ou - 30° dehors. Moyen ruineux lorsqu'au prix d'un combustible, qui vaut en plaine 600 francs la tonne, il faut ajouter le transport par rail et par route et prévoir un tonnage capable d'assurer le chauffage d'une vaste maison pendant huit mois dont quatre de grands froids.
....A Valloire (1402m), où un petit filon d'anthracite et des tourbières ajoutent un sérieux appoint aux galettes de bouse, le plan des maisons a, depuis longtemps, été modifié d'une façon heureuse, qui permet d'utiliser à l'occasion la chaleur du bétail, mais sans avoir à supporter les inconvénients de son usage presque exclusif.....Les maisons sont plus élevées au-dessus du sol et les étables sont au rez-de-chaussée. Un couloir central partage la maison en deux parties : d'un côté est l'étable-écurie, de l'autre la cuisine et une chambre, fort bien éclairées par des fenêtres ouvrant dans le pignon qui fait face à la vallée. Le feu entretenu à la cuisine suffit à préserver la chambre du gel. Et dans l'étable, le plus souvent dallée et voûté, une claire-voie délimite dans un coin une pièce où l'on profite le soir, à la veillée, de la chaleur des bêtes pendant les grands froids.
Ainsi, toute panne de ravitaillement en combustible est sans inconvénient. Et c'est peut-être la solution la meilleure du problème vital du chauffage à cet altitude.
.....Bénis soient les économistes qui penseront à procurer du charbon à bas prix aux habitants des hautes vallées, avant de réprouver l'usage du "bois de vache" et du chauffage central bovin....
Jeanne LECLER - Revue de Savoie N° 5 - Noêl 1941.
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