Monsieur Emile VINCENT - Matricule 60684 - JOURNEE NATIONALE DE LA DEPORTATION

 

Une très grande émotion régnait en ce samedi 23 Avril 2011 lors de cette cérémonie commémorant la Journée Nationale de la Déportation. Pour la première fois depuis 1954 Monsieur Emile VINCENT n'était pas avec ses compagnons et amis (la première photo le représente lors de la cérémonie qui s'est tenue le 24 Avril 2010). J'ai beaucoup de mal à exprimer ma peine car c'est un homme que je respecte profondément et qui est un modèle pour tous les jeunes qui l'ont entendu lors de ses interventions dans les établissements scolaires.

En écrivant ces mots j'espère vraiment que M. Emile VINCENT surmontera l'épreuve qu'il subit comme il a surmonté l'innommable dans le camp de MAUTHAUSEN.

M. Emile VINCENT a remis un message personnel à M. Adrien Alexandre AVENIERES - Président des membres de la Légion d'Honneur "Décorés au péril de leur vie" des deux Savoie et du Comité Maurienne de la Société des membres de la Légion d'honneur.

Monsieur AVENIERES l'a lu hier au soir à 17h devant le Monument aux Morts de Saint Jean de Maurienne.

Je le transcris ici dans son intégralité :

Hospitalisé depuis plus d'une semaine à Chambéry, puis maintenant à Saint Jean de Maurienne, je charge Monsieur AVENIERES, mon fidèle ami et Président de la Légion d'Honneur, société à laquelle j'ai l'honneur d'appartenir, de lire mon message puis celui commun des associations de déportés.

C'est avec un immense regret que je ne peux, pour la première fois, assister à la cérémonie en hommage aux déportés-résistants, morts pour la France.

Je suis par la pensée et par le coeur, avec ceux de mes camarades qui ne sont pas revenus des camps où qui, rescapés, sont maintenant décédés et avec vous tous, présents ce soir, au monument aux morts de Saint Jean de Maurienne. En cet instant solennel, je remercie tous ceux qui oeuvrent pour que le souvenir perdure et que la mémoire reste bien vivante.

J'ai une pensée toute particulière pour la Chorale Nicolas Martin qui, si fidèlement, chaque année, interprète avec émotion et conviction, le "Chant des Marais", le chant des déportés évoquant leurs souffrances et leurs espoirs.

J'adresse mes remerciements au monde combattant par le biais de ses associations qui oeuvrent avec grand dévouement pour le souvenir des disparus, dans le cadre du devoir de mémoire. Un grand merci également à tous les dévoués porte-drapeau qui portent haut et fier, avec fidélité, les couleurs de notre patrie "La France".

Un merci particulier à mon ami Pierre LYOGIER qui n'omet jamais de mentionner mon numéro matricule 60684, funestement attribué dans les camps de la mort.

Merci à tous et peut-être à bientôt, je l'espère et le souhaite ardemment.

Monsieur Emile VINCENT - Matricule 60684.

COMMEMORATION DE LA DEPORTATION SAMEDI 23 AVRIL 2011 A 17H DEVANT LE MONUMENT AUX MORTS DE SAINT JEAN DE MAURIENNE

Samedi 23 Avril 2011 à 17H se déroulera une cérémonie rappelant celles et ceux qui ont vécu la déportation, qui malheureusmeent trop souvent sont morts dans des conditions inhumaines.

Nous oublions que la déportation a concerné aussi les résistants qui, appelés terroristes par les Allemands et par les collaborateurs, se sont battus afin que la France redevienne libre et retrouve son honneur perdu en 1940.

Notre cité a un témoin qui, depuis des années, n'hésite pas à témoigner de ce qu'il a vécu, de ce que ses compagnons ont vécu. Témoin lors des cérémonies, témoin devant les enfants des écoles.

Monsieur Emile VINCENT N° 60684 est revenu du camp de MAUTHAUSEN (Autriche) et chaque fois que je le rencontre une seule question me taraude : Comment peut-on vivre et survivre dans ces conditions ?

Je sais que cette commémoration n'attire pas la même foule que lors des cérémonies du 8 mai, du 2 septembre et du 11 novembre mais je demande à celles et à ceux qui me lisent de venir ce samedi 23 avril à 17h devant le Monument aux Morts de Saint Jean de Maurienne lui rendre hommage. Respect de l'homme qui a su dire non à l'occupant.....Respect de l'homme qui a témoigné de la barbarie humaine.

Daniel MEINDRE  

L'AMICALE DES ANCIENS SAPEURS DU GENIE ET DES TRANSMISSIONS EN ASSEMBLEE GENERALE

La passion d'un homme qui, depuis 30 ans, anime l'Amicale des Anciens Sapeurs du Génie et des Transmissions de Saint Jean de Maurienne.

Fondée en 1950 elle comporte plus de 40 adhérents fidèles et heureux de se retrouver autant lors des cérémonies que lors des journées de détente qui renforcent leurs liens d'amitié. 

En présence de M. BARBON représentant M. le Maire de Saint Jean de Maurienne et lui-même adhérent, M. Hubert BOYMOND ouvrait une assemblée générale qui relatait combien les activités en 2010 furent nombreuses et que celles de 2011 le seront tout autant. Un bilan financier satisfaisant présenté par M. et Mme Delphin DOMPNIER et la lecture du rapport moral par M. LISA étaient approuvés à l'unanimité.

M. BOYMOND attirait l'attention des adhérents sur un événement qui se déroulera sur 4 jours et en particulier le jeudi 2 juin 2011 : la venue sous la direction du Colonel Jean-François CAFFIN de 35 officiers; membres de l'Association Nationale des Officiers de Réserve du Génie (ANORG) qui déposeront après une messe célébrée en la Cathédrale de Saint Jean de Maurienne une gerbe au Monument aux Morts de Saint Jean de Maurienne en présence de M. le Maire de notre cité et de l'ensemble des associations patriotiques qui seront invitées à cette cérémonie.

Cette assemblée générale se terminait par un moment émouvant : la remise par M. AVENIERES - Président du Comité de la Légion d'Honneur du diplôme "Médaille du Djebel" et de la Médaille de Bronze à M. Hubert BOYMOND, reconnaissance et hommage amplement mérités.

Il est certain que les nombreuses cérémonies et commémorations qui marquent chaque année la vie de la Nation préservent le devoir de mémoire et renforcent l'unité nationale. Elles sont aussi la trame de notre histoire et permettent d'établir un lien entre toutes les générations.

Daniel MEINDRE

LE 6 AVRIL 1945 A L'ASSAUT DU MONT FROID ET DE LA POINTE DE BELLECOMBE

Ce témoignage a été écrit par M. Albert DERRIER qui fut le dernier "Poilu" Mauriennais, combattant lors des deux guerres mondiales qui est mort en l'an 2000 à l'âge de 104 ans.

Un homme qui, jusqu'à ses derniers instants, passionnait ses auditeurs par sa mémoire extraordinaire, se souvenant des événements vécus avec une précision remarquable.

Ce texte concerne la journée du 6 avril 1945 lors de l'assaut du Mont Froid et de la pointe de Bellecombe par le 11ème Chasseurs Alpins. (On remarquera à l'arrière-plan de la photo de M. Albert DERRIER prise devant les portiques de notre ville la présence de M. Emile VINCENT - Déporté à MATAHAUSEN). 

.....Le 11ème Chasseurs qui venait d'être reconstitué en janvier 1945 avec des éléments du Maquis de la Savoie et surtout de l'Oisans.

Je les ai vu partir ces jeunes de la 4ème compagnie, plein d'ardeurs, avec le Docteur STROBEL, le 5 avril 1945 vers 17h du Verney. Après la distribution , pour 4 jours, de vivres américains, tenter de déloger l'ennemi des sommets de nos montagnes.

Connaissant les lieux comme le fond de ma poche, j'étais très soucieux quant à la réussite de cette opération !!!

Ils n'avaient qu'une chance....La surprise....Ce fut la bonne.

Après avoir marché toute la nuit, ils comptaient arriver à la pointe du jour au sommet, il fallut déchanter...avec 25 à 30 kilos sur le dos, dans un mètre de neige pourrie, et cette montée harassante de l'arête ouest, ce n'est que vers 8 heures qu'ils ont pu atteindre leur objectif; une deuxième chance les a favorisés, le brouillard qui entoure ces sommets le matin...

Le premier arrivant sur la crête trouve une mitrailleuse braquée sur l'arête mais sans sentinelle....une troisième chance les a favorisés; c'est que le Mont-Froid n'a pas volé son nom...la garde près de la mitrailleuse n'était assurée que par un seul homme, le temps d'aller réveiller le suivant au "gourbi"...le temps que celui-ci arrive en se frottant les yeux...près de la mitrailleuse déjà 5 à 6 chasseurs entouraient cette mitrailleuse....

Ce fut la surprise totale....pour le premier et le deuxième "gourbi", pour les deux autres, il a fallu bagarrer....

La pointe de Bellecombe a été conquise de la même façon par la 3ème Cie.

La prise du Mont-Froid, le 6 avril 1945, est un très haut fait d'Armes.

Conclu par un combat très sec, contre un ennemi surpris, mais repris. Vers 9 heures ils se rendent et sortent mains hautes de leurs abris.

Au début de l'après-midi l'artillerie allemande commence à pilonner nos toutes fraîches conquêtes. Des Minenwerfers sont tirés de la pointe de Clairy.

Plusieurs des notres sont touchés dont le Docteur STROBEL qu'un éclat dans les reins condamne à une lente agonie en pleine conscience.....

Deux tentatives allemandes sont faîtes vainement à 20 heures et à 4 heures pour enlever le Bloc Est....... 

Albert DERRIER.